Appui long

 

 

Assister à l'agonie d'une abeille. le temps d'un café ou le temps d'un vide à combler par je ne sais quel autre moyen que celui de se savoir soi-même agoniser. Assister ensuite à l'ironie d'un temps qui devient brusquement inerte tout en abreuvant de possibilités une accoutumance à la solitude. Et puis il y a la grâce de plante derrière, à la tenue tordue, simulant la mort, qui d'un vert insolant, continue à vivre. Et le marbre en dessous encore plus lisse qu'il n'en a l'air, encore plus froid que l'hiver trébuchant, s'offre en ramas pour les paroles en chute.

 

 

C'est souvent au moment où l'absence doit prendre fin que se présente à la mémoire le luxe de conduire l'évasion par l'oubli. Une sorte de privilège qu’accorde le vécu à son vivant pour avoir accusé de gré le mal de tout garder en tête. À ce vivant de se réjouir alors, tel un étranger visiteur, de bricoler au chevet de son histoire, le bonheur des commencements.

 

 

 

Asma Ghiloufi